Grotte des Perles

Dernière modification : 2/01/97



Commune : Saint Benoît

Département : Alpes-de-Haute-Provence (04)

Inventaire : 04.BEN.001



Contenu :



Coordonnées
X= 952.600 Y= 193.850 Z= 595 (4)

Autres coordonnées :

entrée : X= 952.600 Y= 193.800 Z= 595
sortie : X= 952.700 Y= 193.720 Z= 595 (2)


Profondeur
20


Développement
450 env.


Situation - accès
(4)

L'entrée de la grotte des Perles est située au Nord de la route Nice-Grenoble, près du pont de la Reine Jeanne. Elle est sur l'emplacement d'une ancienne carrière dont les éboulis se prolongent jusqu'à l'entrée. La sortie extrêmement étroite de la grotte s'ouvre entre le tunnel du chemin de fer et celui de la route, à peu près au même niveau que l'entrée. (2)


Description
(4)

L'entrée a 2 m de large sur 0,50 m de hauteur. La grotte des Perles est creusée le long d'une cassure à pente inclinée, visible de l'extérieur et se prolongeant souterrainement. Il semble que, dans sa partie terminale, la grotte soit conforme aux strates inclinées de la barre calcaire.
De l'entrée à la salle du Silence, la caverne se développé dans une fissure très large (la salle des Mille Colonnes a de 12 à 17 m de largeur, pour une hauteur moyenne de 1 m).
La galerie des Perles et la salle de l'Éboulis sont assez hautes de voûte (1 ,50 à 6 m).
La pénétration dans le rocher est d'environ 200 m, mais les galeries et chatières en portent le développement à 400 m. (2)


Géologie
(4)

La grotte est presque entièrement concrétionnée, hormis quelques galeries d'érosion où la roche est très découpée par des cupules. Dans la salle du Silence, des puits d'érosion sont visibles au plafond.
On observe en de nombreux endroits des traces de dissolution chimique, notamment dans les endroits très érodés.
Les concrétions les plus caractéristiques sont les perles de caverne qui tapissent le fond des gours.
Le passage joignant la salle de la Méduse à la salle des Mille Colonnes a une particularité géologique intéressante. A un certain endroit, le plafond et le plancher convergent en oiseaux, de sorte qu'il n'y a pas de paroi. On retrouve ainsi la fissure extérieure.
L'argile est souvent craquelée ; les polygones sont surtout des quadrilatères du des pentagones.

Formations de sol de la Cavité
Cinq grands systèmes de sédimentation vont attirer notre attention.
Ce sont :
1š) Les gours
Les gours de la grotte des Perles sont établis sur des pentes relativement faibles, constituées par un sol argileux.
Ils peuvent être, soit isolés, soit groupés, mais le plus souvent ils forment des barrages successifs de faibles dimensions se déversant les uns dans les autres et situés le long des galeries.
Leur aspect général est celui de rides anastomosées, sensiblement parallèles, dissymétriques et perpendiculaires au sens de la pente où elles sont établies, tandis que leur plan général est celui d'un U largement évasé à ses extrémités. Le bord concave, en pente raide, représente l'aval du gour. Son développement donne naissance à une margelle qui peut déterminer un surplomb. L'amont du gour est constitué par une rampe en pente douce. C'est, du bien la terminaison aval de la margelle du gour précédent, ou bien un sol calcifié séparant les deux gours.
Nous avons essayé de reconstituer l'activité fluvio-endogène ayant donné naissance aux gours de la grotte des Perles.
L'examen d'un gour indique :
- le sens primitif de l'écoulement,
- le sens de la pente de la galerie où il se trouve.
La grotte des Perles nous montre quatre directions principales qui ont été empruntées par les eaux de ruissellement.
Ce sont :

a) Courants E-W
Un écoulement fluvial provenant vraisemblablement des nombreuses cheminées impénétrables situées au plafond, a circulé le long de la galerie remontante (par rapport au débouché de la galerie d'entrée). L'eau a poursuivi son trajet par la galerie descendante qu'elle a comblée.

b) Courants N N W - S S E
Les eaux venues du Labyrinthe des Perles ont d'abord suivi la galerie du Sondage, puis ont subi un changement de direction, très visible, grâce à la déformation des gours, et se sont jetées dans le puits du Mouton.
Elles ont emprunté aussi la galerie de la Méduse. Au dépót de calcite sous forme de gours s'est ajoutée, dans cette galerie, la formation de perles des cavernes.

c) Courants W - E
Dans la salle des Mille Colonnes, le trajet a été grosso modo W-E. La pente est très faible.

d) Courants N N E - S S W
La pente de la Galerie des Perles est SSW. L'eau provient d'une cheminée étroite, située au plafond de la salle de l'éboulis. Les gours contiennent des perles.

2š) Les perles de cavernes
Ces concrétions se trouvent en grands quantité dans la grotte. Dans la galerie des Perles, les pisolites sont dans des vasques. Elles sont jaunes, brillantes. Leur gangue superficielle et dure tend à se recouvrir actuellement d'une mince pellicule blanchâtre.
Dans le Labyrinthe, les perles remplissaient par centaines des gours profonds. Elles sont blanches, mates. Leur taille varie entre 1 et 20 mm. Les plus curieuses sont plates, légèrement bombées au centre.
On observe souvent des perles soudées ensemble par la calcite.

3š) Les planchers stalagmitiques
Parmi les échantillons étudiés et parmi les planchers stalagmitiques observés, deux types retiendront entièrement notre attention.

- Plancher en grès calcarifère
Le plancher de la galerie du Pont, à l'endroit du sondage, est constitué d'une couche de 2 à 3 cm d'épaisseur formée par de la calcite contenant des grains de quartz en forte proportion.
La partie inférieure du plancher stalagmité, celle en contact avec le sol sous-jacent, présente une particularité remarquable.
Des polygones de sable, peu consolidés, sont visibles, en relief sur la surface régulière de l'échantillon.
Ces empreintes en relief sont celles qui affectent la surface de l'argile. Leur épaisseur est sensiblement régulière (1 cm environ). Par contre, leur hauteur, ou plutót leur profondeur, est variable (1 à 5 cm).
Il est curieux de constater la faible consolidation du sable des empreintes. En effet, le plancher lui-même est très consolidé par la calcite qui forme ciment.
Le pentagone sableux que nous avons recueilli montre nettement la courbe imprimé au sable par la forme des craquelures de l'argile sous-jacente.

- Plancher de calcite.
Certains présentent le même micro-relief sous-jacent. Toutefois, les craquelures (l'argile ont été stalagmitée entièrement par la calcite.
Les empreintes en relief sont en calcite. Elles sont moins régulières que celles en sable, plu-s grossières, mais de dimensions à peu près semblables. On peut aussi les trouver sous les planchers de type gour. La calcite peut prendre plusieurs formes de concrétionnement.
Sur les échantillons étudiés, on distingue de fins vaisseaux capillaires dans la contre-empreinte des craquelures d'argile, ainsi que des petits tubes, pleins ou percés d'un conduit circulaire, généralement horizontaux, d'un diamètre d'environ un millimètre.

4š) Le sol argileux
Le sol est argileux dans une grands partie de la caverne. La plupart du temps, l'argile est craquelée. Il en est de même pour les couches argileuses situées sous les dépóts calcifiés. C'est sur ce phénomène que nous insisterons car, c'est grâce à lui qu'ont pu se former les polygones dont nous avons parlé aux paragraphes précédents.
La forme des craquelures est identique à celle que nous avons décrite à propos des planchers stalagmitiques. C'est en effet dans ces fentes que se sont déposés, soit la calcite, soit le sable. Dans ce dernier cas, à la
phase de dépót sableux, a succédé une phase de cimentation dont l'action a eu pour résultat la consolidation du sable des empreintes. On observe les craquelures en soulevant les plaques de calcite.
Nous nous trouvons donc en présence d'une couche fossilisée par un dépót postérieur.
Parfois, ce dépót calcaire est peu important; les fissures de l'argile apparaissent alors. On les observe aussi lorsque le dépót est décalcifié et tend à disparaître sous l'effet de l'action de sels dissolvants.
Physiquement l'argile ne peut se fendre que lorsqu'une certaine limite de teneur en eau est atteinte. A sa limite de plasticité, l'argile se fissure. Les craquelures apparaissent.
Les causes de la perte en eau qu'a subi l'argile sont à rechercher dans les phénomènes atmosphériques.

5š) Les cailloutis et éboulis soudés
On trouve ces dépóts bréchiques dans la partie terminale de la grotte des Perles. Ils proviennent généralement de l'action du gel et du dégel particulièrement forte dans cette partie de la cavité.
La roche est entièrement brisée, disloquée par des fissures.
Sa fragilité est grande. Le simple toucher peut provoquer l'effondrement de blocs d'assez fortes dimensions.
Le courant d'air froid et violent pendant la nuit, maintient la formation de glace au cours de l'hiver.
Il y a aussi en été d'importantes variations' de température qui peuvent provoquer l'éclatement des roches de la cavité.
Mais ces deux actions se sont surtout produites à une époque passée.
En effet, la plupart des éléments de la brèche sont soudés entre eux par un dépót de calcite.

Paléosols
Un sondage effectué dans la grotte a permis de découvrir plusieurs couches se succédant sur 40 cm d'épaisseur.
Le substratum est, soit une couche de calcite extrêmement dure; soit la roche encaissante.
La stratigraphie du remplissage est la suivante : (de bas en haut)
A - couche sableuse - grise - Ep. 7 cm
B-C - Sable avec nummulites - Ep. 14 cm
D - Argile - verdâtre - Ep. 3 cm
E - Gauche sableuse - Ep. 6 cm. Elle contient des perles de caverne, des fragments de fistuleuses, des Helix, des dents d'animaux (mammifères), des os et des concrétions gréseuses formées par les eaux d'infiltration qui ont cimenté le sable.
F - Calcite - Ep. 5 cm
G - Couche d'argile - Ep. 3 à 5 cm. On observe une dizaine de couches, de couleur variable : brunes, grises. Elles résultent d'un dépót allogène ou souterrain en eau tranquille. L'ensemble de ces micro-couches forme un milieu homogène qui a subi une fissuration.
H - Plancher stalagmitique gréseux. Après la fissuration de l'argile, le phénomène suivant se produit : les fentes d'argile se remplissent d'un sable fin qui se consolide. Le grès obtenu est friable. Le sable recouvre aussi le sol ; il forme, joint à la calcite, un solide plancher stalagmitique.
L'origine de ce sable doit être recherchée dans la propriété qu'a le calcaire nummulitique qui forme la roche encaissante de contenir une certaine proportion de grains de quartz roulés.
Une fois attaqués par les agents chimiques d'érosion, les grains deviennent indépendants de leur gangue. Ce sont eux qui forment ce dépót. (2)


Hydrologie - climatologie
(4)

La grotte des Perles est parcourue par des courants d'air. Leur direction est variable. Probablement en rapport avec ceux de la vallée du Coulomp, à cause de la traversée complète du rocher par la fissure, ils n'ont pas de température constante.
Peut-être y a-t-il dans cette grotte une corrélation entre les courants d' air et la formation des excentriques ?
Le degré hygrométrique et la température de l'air sont influencés par les variations thermiques de l'extérieur qui sont très irrégulières à Saint-Benoît.
L'action du gel et du dégel est très importante dans la cavité, surtout après la salle des Mille Colonnes ; elle provoque la désagrégation du plafond.
Une forme curieuse d'érosion mécanique partage la galerie du Pont en deux ; la roche la plus dure est restée en saillie et sépare le passage en deux conduits superposés. (2)


Historique des explorations
(4)

Bibliographie
(1) [1958], Siffre M., "La région de Saint Benoît et ses cavernes", Spéléologie nš 16.
(2) [1977], Siffre M., Morphologie souterraine et hydrogéologie du massif calcaire de La Lare, Saint Benoît (Alpes de Haute Provence), Mémoires du Spéléo-Club de Paris nš 5, Spéléo Club de Paris, Club Alpin Français, pp. 14-27.
(3) [1981], Chabert C., Les grandes cavités françaises.
(4) [1987], Créac'h Y., Inventaire Spéléologique des Alpes-Maritimes, t. IV, pp. 953-954.



Coupes et plans


Source : [1987], Créac'h Y., Inventaire Spéléologique des Alpes-Maritimes, t. IV, pp. 953-954.(4)
Plan
Plan






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